La version de votre navigateur est obsolète. Nous vous recommandons vivement d'actualiser votre navigateur vers la dernière version.


    Soutenez le partage de nos traductions originales en visitant notre boutique en ligne ! Vous y trouverez, entre autres, nos 2 ouvrages de référence :

 

Étude des points d'acupuncture de la famille Tung, une traduction inédite de l'ouvrage original

 

Les 100 points essentiels d'acupuncture par le professeur He-Pu Ren

 

 Rendez-vous ici ! Merci pour votre intérêt et votre soutien !

 

Qu'est-ce qu'un "méridien" ? Qu'est-ce qu'un "point d'acupuncture" ?

Posté le 02/03/2018

 

- 穴位

Jīngluò - Xuéwèi

Méridiens et points d'acupuncture

 

 

        En médecine traditionnelle chinoise, et encore plus spécifiquement en acupuncture - moxibustion, on se réfère en permanence au système des méridiens. On appelle alors "points d'acupuncture" certaines régions du corps qui se trouvent sur les lignes formées par ces derniers. Ils sont des lieux clés sollicités aussi bien pour y exercer des stimulations, que pour le diagnostique. Certains points sont hors de ces trajets. On les appelle alors, s'ils sont référencés, "points extraordinaires", et s'ils ne le sont pas, "points A-shi". Les uns ne pouvant exister sans les autres, les méridiens, les points qui les composent, et la pratique de l'acupuncture - moxibustion, forment un système indissociable. De la création à la justification des théories, en passant par la pratique, les méridiens et leurs points sont au fondement de la médecine traditionnelle chinoise. Ils offrent un outil sur lequel s'appuie constamment le praticien à la fois pour dresser le bilan énergétique du patient et pour en rétablir l'équilibre. Toute pratique traditionnelle de l'acupuncture - moxibustion ne peut en faire l'économie.

 

        Ce qui a été traduit par méridien, tout du moins le terme qui a été retenu dans le langage courant français, s'appelle en chinois 经络 Jīng Luò, qui signifie "méridiens et collatéraux". Jīng 经, avant de faire référence à "méridien", veut dire "passer à travers", ou encore, "canal". Luò 络 quant à lui se traduit par "enlacé", "continu". Aussi les Jīng Luò sont un réseau de canaux enlacés et continus qui permet de "faire passer" à travers.

 

        Cette définition des méridiens est heuristique pour au moins trois raisons :

 

            1 - Ils forment un réseau. Les canaux principaux communiquent tous entre-eux. Cette inter-connexion est soutenue par d'autres plus petits, ou secondaires. Ces derniers sont alors appelés luò - collatéraux. Ils sont fondamentaux car ils permettent de connecter toutes les parties du corps entres-elles. Ils expliquent et à la fois confirment la vision holistique de la MTC. Soit que tout est un et un est tout. C'est le yin yang fondamental. Ce réseau se déploie dans le corps entier. Par conséquent, agir sur une partie devient agir sur l'entité globale. Inversement, il est impossible d'isoler une partie sans la considérer dans son ensemble. Le principe de réseau est fondamentale à, et constitutif de, l'acupuncture - moxibustion.

 

            2 - Les canaux et collatéraux, à la manière des fleuves et des rivières permettent et rendent possible la libre circulation. Évidement, lorsque nous parlons de libre circulation, il faut entendre la libre circulation des substances fondamentales de la MTC, soit, le qì (气), le sang (血 xuè) et les liquides organiques (浸液 Jìn yè). Dans les classiques, les images faisant référence à la circulation du qì et du sang dans le corps pareil à des fleuves et des mers ne manquent pas. Beaucoup de points d'acupuncture eux-mêmes possèdent des noms qui en font référence ; par exemple Qū chí (LI11) le bassin du coude, Chǐ zé (Po5) le marais ulnaire, Qì hǎi (Ren6) la mer du qì, Fù liū (Rn7) restaurer le courant, Hòu xī (IG3) le ruisseau de l'arrière, Yáng líng quán (VB34) la source de la colline Yáng, Yǒng quán (Rn1) le jaillissement de la source, pour n'en citer que quelques-uns. Le terme 经 Jīng lui-même peut être traduit par rivière!

 

"六经为川,肠胃为海"。

Liù jīng wèi chuān, cháng wèi wèi hǎi.

"Les six canaux sont les rivières, les intestins et l'estomac sont les océans". Huángdì nèijīng (-221?) - Sù wèn - Chapitre 5.

 

            3 - Enfin, ils sont enlacés et continus. Similaires aux lacs, aux mers et aux océans qui communiquent entre eux, souvent de manières souterraines d'ailleurs, nos jīng luò, méridiens-canaux et collatéraux font de mêmes. Dans l'élaboration des théories de MTC, les anciens naviguaient sans cesse entre le macro et le micro, entre la nature et le corps humain, entre l'intérieur et l'extérieur. Les voies de circulation de notre planète sont semblables à celles de notre corps. Or dans celles-ci, ce sont ce qu'on appelle les jīng luò qui forment ce réseau souterrain et qui permet le flux continu et communiquant. Pour maintenir la santé, ce flux ne doit jamais stagner. Il circule sans cesse de canaux en canaux. Inversement, en MTC, toute pathologie est liée à une perturbation de ce flux! Sur le plan énergétique, les  océans et les mers deviennent les organes et les viscères (Zàng fǔ 脏腑), les lacs, les points d'acupuncture (Xuéwèi 穴位).

 

 

"以血气为邪所闭, 不得通行而病也."

"Yǐ xuè qì wèi xié suǒ bì, bùdé tōngxíng ér bìng yě."

"Lorsque le qì et le sang sont obstrués par le qì pathogénique, ils ne peuvent plus circuler, alors les maladies occurrent."

景岳 Zhāng Jǐng Yuè (1563-1640), 景岳全书·风痹.

 

 

        Sans les jīng luò, le holisme de la MTC est un mot vide de sens et dépourvu d'implications. Ce sont eux qui donnent corps à la théorie. Ainsi le haut influence le bas, le bas influence le haut, la gauche la droite et la droite la gauche. Mais aussi, l'intérieur et l'extérieur deviennent intrinsèquement liés. L'extérieur révèle des indices aux praticiens afin d'en déduire l'état de l'intérieur (celui des Zàng fǔ notamment). C'est la théorie du Zàng xiāng 脏相 - de l’interrelation entre la condition des organes et leurs manifestations observables. Dans le Huángdì Nèijīng Líng shū, dont l'origine remonte au moins à 200 ans avant notre ère, on lit déjà :

 

"岐伯答曰:视其外应,以知其内藏,则知所病矣".

Qí Bó dá yuē: Shì qí wài yīng, yǐ zhī qí nèi cáng, zé zhī suǒ bìng yǐ.

"Et Qí Bó répondit : En observant l'extérieur, vous connaîtrez l'état de l'intérieur, alors vous saurez l'origine de la maladie".

 

        L'art du diagnostique est rendu possible grâce à ce réseau. Puisque le tout forme une unité interconnectée, les conditions internes ont des répercutions sur l'externe. De la même façon, la stimulation de l’extérieur va faire écho sur l'intérieur. Et c'est ici que rentre en jeu les points d'acupuncture. Ils en deviennent les médiateurs privilégiés.

 

       

                Les points d'acupuncture sont comme des réserves où le qì et le sang infusent de façon plus probante et plus sensible que sur le reste du trajet du méridien. Il faut bien comprendre que la théorie des jīng luò est première sur celles des points. Avant de stimuler un point d'acupuncture, on agit sur un méridien. Tous les points d'un même méridien partagent d'abord les fonctions de celui-ci. A ces fonctions initiales viennent s'ajouter, selon leurs emplacements, une fonction locale, une fonction adjacente, et une fonction distale. C'est pourquoi il y a une phrase que tout praticien d'acupuncture connaît, ou devrait connaître : "Il est possible de rater le point, mais vous ne devez pas rater le méridien". Attention, il ne s'agit pas là d'un encouragement à l'approximation, bien au contraire. Comme nous l'avons dit plus haut, le système des méridiens est premier. Il s'agit pour le praticien de trouver le long du méridien impliqué le point qui reflète et qui aura les meilleurs applications sur la condition du patient. Aussi, il ne faut pas toujours se fier, comme peuvent le faire penser les chartes et la majorité des livres modernes, à une mesure anatomique précise pour trouver le point. Ces mesures modernes sont le fruit d'esprits qui pensent que connaître, c'est mesurer. En un mot, c'est l'esprit scientifique de notre temps. Or, dans l'art de l'acupuncture - moxibustion, cette mesure n'est en réalité qu'une indication. Loin de se suffire à elle-même, elle doit nécessairement être complétée par le touché aiguisé du praticien, en collaboration avec le ressenti de la personne qui reçoit le soin.

        

  

Article et traductions de Raphaël Gallo-Bona,

Votre praticien à l'Institut Feng Zhen.